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De fil en livres
5 septembre 2014

Chuuut! de Janine Boissard

boissard chuuut

 

Encore une lecture du printemps... je ne me souviens donc pas de tous les détails aussi voici un extrait ci-dessous. J'aime bien les sagas familiales de cette auteur. Elle raconte le quotidien de famille avec bien entendu des histoires qui peuvent arriver dans la vie réelle et d'autres plus fantasques.

Comment une famille fait bloc pour soutenir les siens même dans les pires moments...

Chut ! Quand j'étais petite et que je n'arrêtais pas de demander «pourquoi, pourquoi, pourquoi ?», c'était la réponse que je recevais le plus souvent.
«Chut» avec les gros yeux, «chut» avec des larmes dans les yeux, «chut» avec un doigt posé sur les lèvres comme un barreau de plus.
Toute la famille vivait au château, la maison de mon grand-père, même si ça n'était pas un vrai avec un pont-levis, des tours et des mâchicoulis d'où tu jettes de la poix brûlante et des pierres sur l'ennemi, mais un château quand même, et maman m'expliquait que grand-père était un roi, le roi du cognac, comme la ville de François Ier que l'on voyait des fenêtres du haut. Et, derrière la grille, toutes ces rangées de vigne étaient ses armées, les bouteilles d'alcool qu'on en tirait ses oriflammes, et sur chacune son nom était marqué : Edmond de Saint Junien.
De chaque côté du château qui donnait sur une grande cour avec un puits fleuri - interdit de s'asseoir sur la margelle -, grand-père avait fait ajouter des ailes qu'on appelait aussi des «dépendances», afin d'y loger ses quatre enfants lorsqu'ils seraient mariés : une pour Baudoin et Roselyne, les aînés, une pour Monique et Hermine (maman), les cadettes.
Aujourd'hui, c'était fait. L'oncle Baudoin et la tante Béatrix occupaient l'aile droite avec leurs trois enfants, Thibaut, LouisAdrien et Philippine. La tante Monique, l'aile gauche avec son fils Alexander, et nous à côté, bien séparés, chacun chez soi, Hermine et Gilles, mes parents avec moi, Fine, et mon petit frère Benjamin.
Et là, les «pourquoi» commençaient.
- Dis, maman, pourquoi les volets de la dépendance de tante Roselyne sont toujours fermés ? Où elle est ? Pourquoi on l'a jamais vue ?
- Chut, ma Fine, répondait maman. Ta tante Roselyne est partie très loin, dans un autre pays. Ça a fait beaucoup de chagrin à tes grands-parents, alors surtout tu ne leur en parles pas.
- Et toi aussi, maman, ça t'a fait beaucoup de chagrin ?
- Bien sûr, c'était ma grande soeur.
- Et elle reviendra quand ?
Là, c'était «chut» les larmes aux yeux.
- Jamais, mon coeur.

L'autre «pourquoi» concernait mon cousin Alexander, le fils de tante Monique.
- Dis, maman, pourquoi Alexander reste toujours dans son coin ? Il ne veut pas jouer avec nous, il regarde par terre en parlant charabia, et quand il crie, ça fait peur.
- Chut ! répondait maman en fixant le mur comme si tante Monique avait l'oreille collée de l'autre côté. Tu sais bien qu'Alexander est malade.
- Et c'est quoi exactement, sa maladie ?
- C'est les nerfs. On le soigne, tout le monde prie pour qu'il guérisse. Et même s'il fait un peu peur, tu dois être gentille avec lui parce que ce n'est pas sa faute s'il est malade.

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